La psychothérapie – la guérison du corps et de l‘esprit
Dans les années allant de 1158 à 1163, après avoir dicté ses traités de médecine, Causae et Curae (les causes et les remèdes) et Physica, Hildegarde se consacre exclusivement aux forces curatives de l'âme. Ainsi prend forme le grand Livre des mérites de l'âme, où elle décrit l'affrontement des vertus et des vices. Elle leur donne le nom de virtutes (vir = force, énergie) et les range en deux catégories : les forces de l'action – travaillant et opérant – et les forces de protection qu'elle désigne par « l'armée de Dieu ».
Ce sont les fondements de la thérapeutique de l'âme. Trente-cinq paires d'opposés, qu'elle place en différents endroits du corps humain, de la tête aux pieds. Elles jalonnent les différentes étapes de la vie, dès le moment de la conception. Dans vingt-huit de ces paires d'opposés, le jeûne constitue le moyen le plus efficace de découvrir derrière les vices (les surcharges), les vertus, c'est-à-dire les forces de guérison de l'âme.
La guérison fait partie d'un processus holistique qui s'effectue simultanément sur plusieurs niveaux. La source de l'énergie de guérison est Dieu. Ce qui guérit gît en l'homme lui-même. Ensuite, Dieu a entouré et comblé l'être humain de toutes choses qu'il a dotées d'une énergie colossale. Si cette énergie divine s'unie avec l'énergie humaine, nous faisons l'expérience d'une fusion nucléaire spirituelle. Et l'énergie spirituelle va transformer radicalement toute notre vie, notre santé, notre condition humaine. Nous avons ainsi un réservoir énergétique immense pour accomplir toutes les tâches et toutes les leçons de vie qui nous révèle notre mission. Et c'est le sens de la vie éternelle (et infinit – lex divina).
La thérapeutique de l'âme
Hildegarde porte toute son attention à ses forces de l'âme dans l'organisme. Aussi sa médecine est-elle avant tout une thérapeutique de l'âme : " L'homme créé à l'image de Dieu est doué de l'intelligence qui est en son âme. Le corps, pour se mouvoir, a besoin de l'intelligence de l'âme, puisque l'âme seule donne au corps le mouvement et la vie. Et de même que l'homme ne pourrait vivre sans les vaisseaux sanguins et les humeurs qui irriguent son corps, ainsi il ne pourrait exister s'il n'était pas relié à la nature."
Hildegarde de Bingen fait référence au trésor spirituel que l'humanité a reçu avec le christianisme. Dans son livre Scivias (Sache les voies ou Livre des visions), elle décrit la rencontre d'un carré d'or constitué de bleu du firmament avec l'organisme de la terre mère, c'est-à-dire la naissance de l'homme. La vie jaillit de la rencontre entre le ciel et la terre, du principe masculin et du principe féminin. Dieu s'est incarné en l'homme de sorte que l'homme est également enfant du ciel.
Des boules de feu
Chez Hildegarde, les boules de feu, symbole de l'énergie vitale, révèlent les plus profonds secrets de la création. L'énergie lumineuse du premier jour procède de la splendeur de Dieu qui amène à l'existence le macrocosme. Hildegarde désigne cette énergie sous le terme de lucida materia, et donne à l'énergie lumineuse qui pénètre la matière physique le nom de turbulanta materia. L'énergie divine de vie, partout présente dans l'univers, transmet l'information à toute créature à travers l'espace. La vie serait impossible sans la présence dans la créature de cette énergie, appelée aussi radiation divine. Comme le dit si bien Hildegarde : "Aucune créature, visible ou invisible, n'est dépourvue de cette énergie spirituelle de vie".
L'existence d'une force de vie cosmo physique capable de commander aux processus macrocosmiques et microcosmiques n'a pu être prouvé scientifiquement qu'avec la découverte des particules biophysiques de lumière.
Fritz-Albert Popp a en effet identifié des quanta de haute énergie auxquels il a donné le nom de biophotons, terme qui désigne un type de radiation absorbée par tout organisme vivant. Il a démontré que la vie se trouve stimulée par les biophotons dès qu'ils pénètrent la matrice intercellulaire de l'ADN, c'est-à-dire le code génétique. Le corps humain comprend et parle ce langage de vie, « chuchotement de cellules » mais aussi « chuchotement des étoiles », caractéristique des processus de vie dans les macro organismes et les micro-organismes.
L'information divine des cellules
Les êtres humains, le soleil, la lune, les étoiles, les plantes, les animaux, et même les minéraux, vibrent de la lumière étincelante de Dieu et communiquent entre eux, quand bien même ils se trouvent séparés par des milliers de kilomètres. L'on peut par conséquent avancer que la maladie est le résultat d'une information défectueuse et d'une insuffisance de biophotons. Cela est responsable du développement des tumeurs malignes, des maladies inflammatoires et de la détérioration de l'immunité, d'où les réactions auto agressives et une déficience immunitaire plus ou moins importante.
La guérison physique se produit lorsque l'énergie divine de vie pénètre de nouveau l'ADN moléculaire, grâce à une alimentation saine et l'ingestion de remèdes naturels, transmetteurs de biophotons. L'énergie des plantes, des animaux et des gemmes interagit avec les cellules humaines via les biophotons. La guérison spirituelle se produit lorsque nous levons les mains vers le ciel pour demander le secours de Dieu, que nous prions et méditons. Les mystérieuses guérisons dont il faut créditer la médecine hildegardienne sont attribuables à trois facteurs : l'alimentation saine, les remèdes naturels et le contact avec Dieu.
La dimension cosmique de l'âme
- La tête est le siège des sept premières vertus qui représentent les sept sens.
- La région du corps située entre les épaules et les hanches, est le siège des vertus allant de huit à quinze, qui sont responsables du tractus digestif et des organes que cette région renferme.
- La région du corps située entre les hanches et les genoux, est le siège des vertus allant de seize à vingt-deux, dont la fonction est de réguler l'énergie de vie.
- La région du corps située entre les genoux et les pieds, est le siège des vertus allant de vingt-trois à trente, responsable de la force musculaire des hanches et des cuisses.
- Les pieds correspondent aux vertus allant de trente et un à trente-cinq, responsables des trente autres vertus, ou force:
- la vertu trente et une, responsable des sept forces du premier groupe (les sept fiels)
- la vertu trente-deux, responsable des huit forces du deuxième groupe (les huit vagabonds)
- la vertu trente-trois, responsable des sept forces du troisième groupe (les sept pouvoirs)
- la vertu trente-quatre responsable des huit forces du quatrième groupe (les huit avarices)
- la vertu trente-cinq, quant à elle, commande à toutes les autres.
Comme nous l'avons déjà précisé, Hildegarde considère que le corps humain comporte trente-cinq vertèbres : sept cervicales, douze dorsales, cinq lombaires, cinq vertèbres sacrées et cinq vertèbres du coccyx, et la plus importante, la boîte crânienne qui renferme le cerveau et le cervelet.
À ces trente-cinq vertèbres de l'anatomie humaine, correspondent les trente-cinq forces appelées vertus et les trente-cinq faiblesses appelées vices.